Après l'avoir ignoré ou assassiné, la presse française consacre soudain de larges colonnes au phénomène Goldman. Pour voir en lui le porte-parole de la jeunesse. Ce rôle, le chanteur refuse de l'endosser. Tel n'est pas son propos, même si les valeurs qu'il défend sont en totale correspondance avec celels de la jeune génération.
C'est arrivé sans prévenir. Jean-Jacques Goldman, chanteur non homologué et néanmoins honni par l'intelligentsia, se trouve tout à coup la proie des plumitifs associés,cherchant soudain chez cette idole des lycées le signe d'une génération en mouvement. Ainsi est-on surpris de lire dans le quotidien Libération deux pages presque dithryrambiques sur la tournée tromphale de 1986. Dans la foulée le Nouvel Observateur consacre sa une du 2 avril 1987 à J-J Goldman, qui trouve en Maurice Fleuret, ex-directeur de la musique aurpès de jack Lang, un ardent défenseur proclamant à la cantonnade un "Vivre la culture rock" des plus inattendus. Une semaine auparavant, ce même hebdomadaire publie les résultats d'un sondage Sofres sur la génération des 13-17 ans, sacrant Goldman comme la personnalité incarnant le mieux leurs aspirations personnelles. La S.O.S génération suscite les pires interrogations, et attise la curiosité autant que la perlexité des phylosophes et sociologues du temps présent.
Quel est donc le public de Goldman qui, en trois semaines, a été capable d'ébranler un gouvernement pourtant réputé musclé. Et voici que Laurent Joffrin publie son essai Un coup de jeune, portrait d'une génération morale comme pour signifier qu'il était temps d'écouter attentivement les chanteurs d'aujourd'hui: "En France, et à l'inverse du proverbe, tout commence par des chansons (...). "Je te donne", hymne de Goldman à la différence, qui bat des records de ventes, comme pour dire qu'il y avait une France qu'on ne voyait pas dans les cages d'escaliers de H.L.M et les cours de bahuts. Elle se faisait pourtant entendre dans toutes les radios, "Je te donne" et son refrain candide, mais si peu innocent quan dles banlieues glissent vers le front national..."
Puis c'est l'Evenement du Jeudi, précédemment assassin, qui y va de son couplet sur cet artiste porte-parole d'une génération, celel de l'émotion. Et ça continue lorsque la presse française se fait l'écho d'articles parus dans la presse américaine, où l'on tente de comprendre le phénomène Goldman. Le Hérald Tribune d'écrire: "La popularité de J-J.G, une rock star qui aime sa famille et déteste la drogue, a donné aux observateurs qui se penchent sur la jeunesse française les raisons d'un nouvel optimisme." Un mois plus tard les éditions Favre publient enfin la première biographie consacrée au chanteur...
CHRONIQUEUR DE SON TEMPS
Face à cette agitation soudaine et surprenante, Goldman reste de marbre. Il refuse de collabroer ou de cautionner ce mouvement qu'il qualifie lui-même de "récupérateur". "J'aimerais comprendre. Je ne revendique rien. Je ne pense qu'un chanteur d"livre un message. Je ne pense pas qu'il lance des idées véritablement nouvelles. Moi, je suis plutôt une sorte de chroniqueur. j'essaye d'écouter les idées des gens, d'entendre ce qu'ils ont à dire, et je m'efforce de l'exprimer. Peut-être aiment-ils ce que je chante parce qu'ils retrouvent un peu de leurs paroles dans les miennes."
Une analyse quelque peu restrictive qui oblitère une évidence. Jean-Jacques Goldman est un chanteur qui dépasse largement le cadre étroit de ses chansons. Ses textes constituent à eux seuls le manuel du savoir-vivre des 15-25 ans, défandant des valeurs unanimement répandus dans cette tranche d'âge: un langage humaniste et moral, la notion d'individualité plutôt que d'invidualisme, les références à l'amitié, au partage, la défense d'un idéal, la famille du coeur plus que cele du sang, la réévalution du modèle démocratique en prônant le respect des procèdures et la mise en avant d'un discours plus pragmatique en fondant ses engagements sur des causes concrètes aux antipodes de l'utopie...
Des valeurs qui furent au centre des événements du mois de décembre 86, et qui donnèrent tout à coup au chanteur Goldman une crédibilité qu'il n'était pas parvenu àobenir en tant que musicien. Goldman finira par en sourire, expliquera qu'il a volontairement sorti "Elle a fait un bébé toute seule" pour décontenancer tous ceux qui lancèrent à son propos les termes de "génération", "leader" etc. Il affinera sa pensée en déclarant abruptement: "Je ne pense pas qu'il y ait des chanteurs qui lancent des messages; ils les expriment, c'est tout. Ou bien ils les récupèrent, peut-être", brandissant chaque fois que la pression se fait trop lourde une déclaration empruntée à Léo Ferré: "Je ne suis qu'un artiste de variété, et ne peux rien dire qui ne puisse être dit "de variété" car on pourrait me reprocher de parler de choses qui ne me regardent pas."
Goldman ne se veut pas un chanteur à message. Ce qui ne l'empêche pas de porter un regard sur son temps, en tant qu'individu, et sur son avenir, en tant qu'artiste.
LE PUBLIC:
"J'aimerais retrouver le public du début. j'aspire en fait au retour à une certaine intimité, celle qu'il m'est impossible d'avoir aujourd'hui. J'ai simplement besoin d'un contact plus précis, moins diffus, et cela, je le dis en toute honnéteté..."
MICKAEL JONES, TOUJOURS:
"Il est venu faire plus de guiatres que sur les précédents albums. A vrai dire, je ne sais pas pourquoi. En France, nous avons des guitaristes très forts mais on manque de prouesses dans le style "guitares saturées", jouées au larsen. Lui est le seul à jouer à l'anglaise, un peu à la hooligan..."
L'EVOLUTION MUSICALE:
"Je ne pense pas pouvoir évoluer fondamentalement. Il y a des systèmes qu'on ne peut pas nier. C'est valable pour tous les musiciens, y compris les plus grands, comme Dylan ou Brassens, qui ont un ton que personne ne peut leur enlever. A part peut êtrre quelques figures d'exception comme Mc Cartney ou Bowie, qui parviennent à créer de réelles surprises sur chaque album, chacun a son bagage de vocabulaire, un bagage de suites harmoniques qui donnent au finish des tics..."
LA-BAS:
"J'ai voulu montrer la capacité des femmes à être heureuses quelles que soient leurs conditions matérielles. Elles mettent en avant des valeurs plus fondamentales, comme l'amour, le fait d'avoir un homme, de fonder une famille. Ce sont des valeurs qui ne sont pas forcément masculines. Les hommes, eux, ont tendance à porter au pinacle l'évasion pour accéder à des plaisirs vraiment matériels. Ce n'est pas une chanson qui veut prouver à tout prix quelque chose. Elle n'est pas faite pour trancher sur cette idée. Dieu merci, il existe des femmes indépendantes, qui ont elles aussi envie de voyager et qui conçoivent la vie autrement que dans le cadre du foyer. Mais cea dit, la tendance instinctive des femmes reste la tradition. C'est un fait. Ce n'est ni bien ni mal..."
ENTRE GRIS CLAIRE ET GRIS FONCE:
"Là encore, il s'agit de la description d'un fait. Que ce soit sur le plan politique, relationnel ou professionnel chacun adopte cette façon de vivre, avec plus de raison, avec une gestion des choses précise, avec plus de sécurité. Aujourd'hui, on arrive à résoudre à peu près tous les problèmes, toutes les déviances, tout les excès, à expliquer les phénomènes humains. Il règne une espèce de normalité, entre gris clair et gris foncé. C'est le rationalisme poussé à son paroxysme qui, bien entendu, s'opère au détriment de certaines lueurs, de certaines étincelles de génie. Doit-on pour autant souhaiter vivre comme il y a cent ans dans une période de turbulences excessives autant qu'extrémistes..."
LA CHAINE MUSICALE:
"Le combat est, à l'heure actuelle, au point mort. Les élections présidentielles constituent le seul espoir de faire bouger les choses. Seuls les arguments électoraux marchent. Si le taux des intentions de vote de la jeunesse baisse trop, le gouvernement redonnera une chaîne musicale, s'astrignant à faire oublier qu'il fut responsable de sa suppression."
LES HOMMES POLITIQUES:
"Il est regrettable qu'ils ressemblent trop à leurs caricatures. Même lorsqu'on a envie de voter, de s'engager, c'est difficile. Le constat est sans appel. Les politiques sont des bêtes à sondages. Il y en a très peu qu iont des convictions, qui font oeuvre politique par civisme et par envie d'aider les gens..."
PLUS DURE SERA LA CHUTE?:
"Non Homologué" n'est pas quatre fois meilleur que mes albums précédents. Il n'est pas dix fois meilleur que l'album de Louis Chedid ou d'Alain Souchon. Pourtant, il y a eu dix fois plus de succès. Pourquoi? Parce qu'il s'est passé des choses que personne n'a comprises. Il y a eu une espèce de phénomène de mode qui n'a pourtant pas de rapport avec la qualité du disque. ce type d'événements t'arrive uen fois dans ta carière. Renaud, Duteuil, Leforestier l'ont connu. Le disque correspond à une envie collective qui fait que l'album monte plus haut qu'il ne le mérite. par ailleurs, j'ai trene-six ans et, que vous le voulier ou non, la chanson concerne les 10-16 ans. C'est un fait, on finit par perdre le contact. Moi, je l'avoue: j'ai une fille de onze ans, je suis loin d'être sur la même longueur d'onde qu'elle, et ce sur pas mal de points..."
SUITE ET FIN?
"Quoi qu'il arrive, je continuerais à faire des disques, ou au moins de la musique. j'en ai trop besoin. Mais dans deux ans les choses auront changé. Ce ne sera peut-être plus en fait dans le même esprit. Je n'ai jamais rien fait contraint et forcé, sauf peut-être la promotion. Demain, je choisirai ce qui me fait le plus plaisir et, pour le reste, je mettrai des coups de couteu dans tout ce qui me gonfle..."
Fin
Fin
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